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  • Posté le 26 octobre 2021 / 34 visites

La prime Castex n’efface pas les ardoises !

Confronté à une montée de la colère sur le pouvoir d’achat liée pour partie à la hausse des carburants et des prix de l’énergie, le gouvernement vient de dégainer une « indemnité inflation » de 100 euros pour quelque 38 millions de Français gagnant moins de 2000 euros nets et le blocage du prix du gaz pour toute l’année 2022.

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Sur cette deuxième mesure, on notera qu’elle arrive bien tard alors que les ménages ont déjà supporté 60 % d’augmentation du prix du gaz.

Depuis cette annonce par Jean Castex, et plusieurs jours avant les derniers arbitrages, le sujet a tourné en boucle dans les médias comme si le père Noël était de retour avant l’heure. Et très vite, il a fallu se rendre à l’évidence : la prime gouvernementale représente 8,30 euros par mois. Une goutte d’eau dont on ne va pas tarder à voir qu’elle n’éteint pas la colère qui gronde dans le pays sur le pouvoir d’achat. Et elle ne solde pas non plus le débat sur les salaires qui avait commencé à enfler à la fin de l’été lorsque gouvernement et Medef s’écharpaient gentiment sur la nécessité d’augmenter les salaires pour pouvoir embaucher.

Si nous avons bien un problème de taxation excessive des produits de consommation courante, la France est bel et bien un pays de bas salaires. Cela se vérifie bien entendu autour du Smic et des minima de branches devenus une sorte d’horizon indépassable pour des millions de travailleuses et travailleurs.

On le constate depuis des années pour les professions intermédiaires, les techniciens, les cadres voire les ingénieurs dont les diplômes, les responsabilités ne sont pas ou mal reconnus et dont le temps de travail s’accroît faisant du même coup chuter leur salaire horaire.

Cette prime ne changera rien à cette réalité et ne fera pas baisser les factures, ni n’améliorera significativement le pouvoir d’achat des ménages. Or, on sait que la consommation des ménages est un levier essentiel pour relancer l’économie.

Avec cette prime dont le montant est déjà ressenti comme une aumône insultante, Jean Castex n’efface pas les ardoises.

Celle des salaires que nous trainons depuis au moins trois décennies est un vrai handicap, non seulement pour conforter une reprise, mais aussi pour rendre attractifs ces métiers dont notre société aura de plus en plus besoin, des métiers pour beaucoup tenus par des femmes. On pense à ceux du lien et du soin pour lesquels la CGT vient de lancer une campagne intitulée « Investir dans le secteur du soin et du lien aux autres et revaloriser les métiers féminisés ». Une campagne dont le premier acte est de donner la parole à ces travailleuses et travailleurs de 14 professions du secteur par une grande enquête en ligne .

Plus largement, la CGT revendique « l’augmentation automatique des salaires et des minima dans les branches ainsi que l’ouverture immédiate des négociations dès que le Smic augmente. Dans la Fonction publique, l’État doit montrer l’exemple et en terminer avec le gel du point d’indice ».

Cet argent public ainsi généreusement dispensé 6 mois avant la présidentielle ne peut pas non plus effacer d’un trait le bilan désastreux des privatisations du secteur de l’énergie (mais on pourrait étendre cette réflexion à l’eau, au rail, à la Poste, aux télécommunications). Ainsi comme le dénonce la CGT, « l’argument phare de la concurrence censée faire baisser les prix et profiter aux usagers a rapidement volé en éclat : en 20 ans, les prix ont explosé et celui du gaz a doublé face aux lois du marché ».

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

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